L'avantage d'un printemps capricieux...
... c'est qu'on trouve encore, passé la mi-juillet, de ces roses pompons et de ces pois de senteur retournés à la sauvagerie, noyés parmi les achillées si communes sur nos talus. Je les ai volés dans un bout de terrain vague coincé entre deux immeubles, une toute petite récolte citadine mais ça tombe bien : j'avais de toutes petites galoches bordeaux dont je me suis dit qu'elles seraient bien assorties à ma poignée de fleurs.
En arrangeant ma cueillette dans ces godasses d'écolier à semelles de bois, un souvenir de lecture m'est revenu, dans un brouillard lointain. J'ai fini par retrouver ce beau passage de Regain, quand Panturle devine que sa femme est enceinte :
Dans le chemin qui descend, il y a Arsule et ses galoches ; on les entend toutes les deux. Arsule chante. La voilà qui tourne la haie.
Elle vient. Elle traîne un peu les pieds. Elle bouge un peu les épaules en marchant comme s'il fallait aider les jambes avec toutes les forces du corps. Elle s'est alourdie ; elle s'est alentie. Elle joue avec une branche d'aubépine.
Il y est déjà question de galoches et de fleurs... Giono, mon héros !