Broder en DMC
(billet très/trop long mais avec déclaration d'amour à l'intérieur)
Je suis une utilisatrice heureuse des fils DMC... et rien que des fils DMC classiques. J'en fais l'aveu presque à voix basse, car je crois bien ne pas être du tout représentative de la population brodeuse sur ce coup-là : je ne suis pas tellement tentée par l'exploration des jolis fils nuancés ou texturés qui fleurissent sur le marché mais qui ne correspondent pas à ma manière de broder. C'est un avis hautement personnel et qui ne vaut que pour moi, on est bien d'accord ! Je comprends qu'on se régale avec ce genre de produits, simplement ce n'est pas ma tasse de thé. J'ai juste fait une incursion du côté de la soie quand nous avons reçu une superbe donation de soies d'Alger du XIXème siècle dont j'aurai l'occasion de reparler. Sinon, je suis parfaitement monomaniaque... DMC, DMC, DMC ;-)
Il y a dans cette habitude un petit peu de train-train de vieille brodeuse (oui, il fut une époque ou même les fils Anchor n'avaient pas pénétré le marché français !) mais également, me semble-t-il, un certain nombre de raisons objectives.
Grand teint
Pour commencer peut-être par la moins déterminante (encore que...), j'apprécie la relative bonne tenue des couleurs dans le temps. Sur l'étiquette on trouve la mention "grand teint" ou plus récemment le pictogramme du lavage à 95°. Pour le moment effectivement (je touche du bois…) même à température élevée, je n'ai pas eu de mauvaise expérience. Corollaire appréciable : les fils ne s'évanouissent pas de peur à l'approche du fer vapeur ou de la patte-mouille. De toute manière, une chose est certaine en ce qui me concerne : inenvisageable de ne pas pouvoir laver mes ouvrages après les avoir terminés !
A chaque situation, son fil
Mais la raison essentielle de mon addiction tient à l'usage que je fais de mes fils à broder. DMC propose en effet différentes qualité de fils qui permettent de s'adapter au type de travail et au titrage du tissu sur lequel il est exécuté. Comme je pense que certaines d'entre elles sont injustement méconnues, je vais essayer de vous expliquer à quoi je les utilise.
• le Mouliné Spécial : celui-là est suffisamment célèbre pas besoin de vous faire un dessin. Pour ma part, je l'utilise avec deux brins dans l'aiguille sur deux fils de la toile, jusque sur la 16 fils, parce que j'aime la broderie très saturée. Là encore, c'est éminemment subjectif ! Je passe à un seul fil dans l'aiguille pour broder sur du lin 19 fils ou bien sur des toiles anciennes un peu récalcitrantes.
En revanche, pour faire ma croix seulement sur un fil de la toile, le mouliné me convient uniquement jusqu'à la toile 12 fils. Ensuite il est trop épais, la broderie "bourre" et je perds la netteté du motif. Mais dans ce cas, je suis sauvée par...
• le Broder Machine : c'est un fil de coton présenté en bobine et, comme son nom l'indique, préconisé pour la broderie à la machine. Je l'utilise à la main : le Broder Machine n°50 est parfait pour faire une croix sur un seul fil d'une toile 14 ou 16 fils. Sur de la 12 ou de la 14, j'utilise également le Broder Machine n°30.
A signaler : dans les stocks de fils anciens, on trouve facilement des bobines qui sont en fait d'anciennes versions du Broder Machine, et en tout cas tout à fait équivalentes dans l'utilisation. C'est en chinant ces vieux fils que je me suis constitué un assortiment relativement diversifié à très petits prix.
• le Broder Spécial : mon chouchou ! C'est par excellence le fil de la broderie au plumetis. C'est un fil non divisible qui existe en plusieurs titrages, limités maintenant au 30. Dans le temps, DMC le fabriquait en beaucoup plus fin, j'en ai même en 150 qui fait quasiment concurrence au fil à gant. Et oui… c'était à une époque où l'on brodait encore des voiles délicats pour en faire les mouchoirs des mariées !
En tout cas les brodeuses sur blanc pleurent les titrages 60 à 90… heureusement, nos fonds de placard nous sauvent la mise ;-)
Le titrage de Broder Spécial proposant aujourd'hui le plus grand choix de nuances est le 25 et ça tombe bien : c'est celui qui correspond, en un seul fil, à une épaisseur d'environ deux brins de mouliné. L'intérêt ? Il est énorme et vous le comprendrez vite si vous brodez notamment des points dits spéciaux. Broder un point d'épine ou un point d'araignée, c'est du gâteau avec un brin unique, c'est difficile d'obtenir un résultat aussi net quand on doit en gérer deux. D'ailleurs maintenant, je l'utilise systématiquement à la place du Mouliné même pour le point de croix dès que je peux : j'obtiens un point bien rond et bien gonflé qui correspond tout à fait à ce que j'aime.
Des nuanciers cohérents
La beauté de l'affaire, c'est que les nuanciers des différentes qualités sont calés les uns sur les autres. Si vous voulez broder en 321 (au hasard ;-) vous retrouverez sous cette numérotation la même couleur, que vous preniez du Mouliné, du Broder Spécial ou du Broder Machine.
Donc en gros, voilà comment je m'organise : j'ai la totalité de la gamme en Mouliné (enfin, telle qu'elle se présentait il y a une quinzaine d'années, quand j'ai brodé mon cartable-nuancier, je ne me suis pas mise à jour depuis). Donc quand je veux broder "en couleurs", j'en passe obligatoirement par le Mouliné car il n'était pas envisageable pour moi de me constituer la gamme complète dans les autres qualités.
Mais comme je brode assez souvent en rouge (quel scoop ;-) et couleurs "cousines", écru, taupe, une touche de bleu … j'ai une réserve de ces couleurs-là en Broder Spécial et en Broder Machine, ce qui me permet de broder sur ma Permin 16 fils (c'est quasiment la seule toile moderne que j'utilise, là aussi je suis monomaniaque) à la fois en deux fils, en un fil, en point de croix et en points spéciaux. Et oui, ça m'arrive souvent d'être dans ce cas, surtout avec mes chères bandes de couture…
Alors oui, c'était long ;-) mais j'espère vous avoir ouvert quelques pistes de réflexion et donné l'envie de tester des fils que vous connaissez moins. J'ai la sensation d'avoir été un peu brouillon quand même, je vais préparer un petit récapitulatif...