Les villages du Monferrato
Je vais revenir aux ouvrages de dames... c'est sûr ;-) Mais pour le moment j'ai envie de garder encore un peu le coeur en Italie, une dernière fois, rien que pour le plaisir du souvenir. Car se promener dans les collines du Monferrato, c'est comme ouvrir un paquet cadeau à chaque tournant de la route, encore et encore. C'est surprenant comme chaque village est plus savoureux que le précédent... à condition d'arriver à le trouver ;-)
Treville par exemple, il a fallu que je m'y reprenne à plusieurs fois... J'avais pourtant l'impression qu'il était à portée de main, juste de l'autre côté du vallon, mais entre les routes coupées et les panneaux rotatifs, impossible de trouver l'accès ! Il a fallu que je m'entête, jusqu'à me remettre sur la piste le lendemain.
Mais après une bonne grimpette dans les rues du village, j'ai été récompensée de ma ténacité par une vue magnifique sur toute la vallée et un banc ombragé juste comme il faut, dans un environnement unique. Un moment hors du temps...
A quelques kilomètres de là, les heures coulent au rythme des deux cadrans solaires installés au fronton de l'église de Serralunga : hora italica, ora di Francia. J'ai voulu y voir la célébration de l'amitié franco-italienne, mais l'histoire est un peu plus délicate... En réalité les italiens, comme les hébreux et les chinois, comptaient le nombre d'heures restant jusqu'au coucher du soleil et c'est l'heure italique. Cependant après l'annexion à la France au début du XIXème siècle, le Piémont adopte l'heure à la française, le comptage du temps toujours en usage aujourd'hui. Ce sont ces deux lectures qu'illustrent les cadrans solaires de Serralunga, dont je pense qu'ils sont de création récente encore que superbement intégrés à l'édifice.
Rien qui puisse troubler le chat, tranquillement habitué à profiter du somptueux paysage depuis son toit. Il n'a même pas été gêné de me voir au-dessus de lui, à me rassasier de la vue privilégiée depuis la placette de l'église.
Le Monferrato déroule un chapelet de ces beaux villages perchés, tous plus attirants les uns que les autres, comme l'est notre Rosignano si chaleureux et accueillant aux brodeuses. A la fin du printemps, ses rues dégoulinent des roses dont il tient son nom.
Finalement, j'aurais pu rester par là, j'ai rêvé devant chaque maison à vendre et j'en ai vu pas mal. Comme celle-ci par exemple, au coeur du village de Sala Monferrato. J'ai longtemps lorgné à travers sa grille, à imaginer la petite histoire de cet endroit, les drames et les les bonheurs vécus là...
Mais le plus extraordinaire dans ce petit pays du Monferrato, pourtant si grandiose, c'est qu'il n'a pas été colonisé par le tourisme : les routes sont calmes, les villages entièrement dédiés à leurs habitants sans le moindre marchand de cartes postales ; je me suis appliquée à passer tout discrètement dans les ruelles tranquilles pour ne pas jouer les intruses indésirables. Pour vivre heureux, vivons cachés : voilà une philosophie parfaitement intégrée ici ;-)