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Ouvrages de Dames
18 juin 2014

Un dimanche chez Jean-Henri

Je viens de profiter d'un nouveau déplacement à Colmar pour faire une halte à Mulhouse. L'avenir de la friche DMC est incertain, je l'avais déjà évoqué dans ce billet. Et une récente information lue dans la presse n'allait pas dans le sens d'une sauvegarde des lieux. Requalification est bien rarement synonyme de préservation dans le domaine de l'urbanisme et je me suis dit qu'il était peut-être déjà trop tard pour cette visite…

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Je n'avais rien prévu de particulier, j'imaginais juste en passant me rendre compte des dégâts puisque le site de l'ancienne filature se trouve quasiment à la tombée de l'autoroute. Il était déjà tard quand je suis arrivée, mais c'était sans compter avec les longues soirées de juin... et l'ange gardien des fouineuses ;-)

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J'ai d'abord été surprise par l'étendue du site, qui constitue à lui seul tout un quartier de la ville. L'ambiance était un peu étrange en cette soirée du dimanche où la France faisait son galop d'essai au Brésil. Autant dire que Mulhouse était déjà ville morte quand j'ai commencé à fureter, en guettant chaque brèche qui me permettrait d'en voir un peu plus.

Site industriel, donc : au cœur, l'immense plateau central des bâtiments de production crénelés avec leurs impressionnantes cheminées et, tout autour, les maisons ouvrières sagement alignées.

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Et filature de surcroît : impossible de l'ignorer jusque dans les noms des rues.

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Abandon, oui : au premier regard, on en repère les stigmates qui enveloppent l'endroit d'un sentiment d'irrémédiable.

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Certaines zones sont en activité, comme celle où DMC a replié sa production. J'ai aussi papoté avec un vigile qui veillait sur une partie réinvestie par de nouvelles entreprises. Et parfois les barrières cadenassées ne condamnent que des terrains abandonnés et laissés à la seule garde des oiseaux.

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Mais j'ai fini par trouver, au bout d'une allée, une grille miraculeusement ouverte sur la friche. Impossible de résister à la tentation bien sûr... même pas essayé ;-) J'ai bien eu un peu les jetons de voir la grille refermée au moment où je voudrais sortir de là, mais la curiosité l'a emporté !

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J'ai parcouru des allées rectilignes et désertes, tracées entre les bâtiments délabrés et toutes ombragées d'arbres centenaires, avec la sensation bizarre de me trouver dans un espace parallèle en marge du monde réel. Le bitume des allées est peu à peu rongé par la végétation, les quais désertés attendent des wagons qui ne viendront plus.

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Partout DMC a laissé sa marque, jusque sur les bouches à incendie.

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On suit l'évolution de la construction aux années inscrites au fronton des bâtiments.

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De ces bâtiments, il ne reste parfois que les murs extérieurs. Au travers des immenses fenêtres encore habillées de leurs carreaux, on devine le squelette des ateliers, désormais à ciel ouvert : les colonnes devenues inutiles ne soutiennent plus que les nuages.

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C'était si beau... et je m'en voulais justement de trouver beau le graphisme de ces constructions à demi en ruine, abritant le souvenir de vies ouvrières broyées dans une activité disparue. Je sentais des fantômes tout autour de moi, et pourtant, elle n'avait rien de sinistre, cette promenade nostalgique dans la lumière dorée du soir tombant.

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C'était juste mon pélerinage de mécréante dans un lieu si proche de la disparition. En rentrant à la maison, j'ai caressé mes vieilles boîtes de floche, de cordonnet d'Alsace et de fil à dentelle, j'ai mélangé rouge turc et  bleu du Rhin : tout venait de là. Avoir mis mes pas dans les leurs, avoir pensé si fort ma petite prière de collectionneuse, c'était bien le moins que je pouvais faire pour les âmes des fileuses, des pelotonneuses et des rattacheuses, des filtiers et des graisseurs qui avaient trimé ici !

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Commentaires
S
Quelle torture ces photos !!! très émouvant et triste
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L
quel bel hommage, c'est beau et très émouvant, quelle tristesse effectivement !!<br /> <br /> Annick
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Z
merci Sylvaine pour ce très bel hommage - que c'est émouvant <br /> <br /> belle soirée<br /> <br /> isabelle - au fil de la passion
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M
Quelle classe ont ces bâtiments industriels ! il est certes dommage de voir partir en friche de tels lieux de fabrication. Mais, je ne peux m'empêcher de penser à tous ces ouvriers ouvrières qui eux n'ont peut-être pas eu que des moments heureux dans cette usine. C'est un familistère cet endroit on dirait, les maisons sur place, le patron dominateur de son univers (ce que dit Racontotte plus haut est une piste significative). Sûrement pas que des moments de bonheur en ces lieux, mais nous les brodeuses n'apercevons ici que le bon côté des choses.
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J
Superbe commentaire! Nostalgie et respect du travail du début de siècle ! Quelles belles photos empreintes de tristesse, sans espoir de retour en arrière...Un grand merci Sylvaine d'avoir osé franchir le portail....
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C
c'est beau et c'est triste, tout cet abandon ....
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S
Coucou Sylvaine.....<br /> <br /> MERCI pour ton reportage émouvant.<br /> <br /> Mon coeur pleure....<br /> <br /> Et combien d'autres usines encore....<br /> <br /> ça n'arrête pas...... Hélas....!!!<br /> <br /> Savoir-faire...à transmettre...<br /> <br /> Continuons à rendre Hommage<br /> <br /> avec nos p'tites croix....<br /> <br /> Passionnées que nous sommes....<br /> <br /> Gardons l'Espoir<br /> <br /> De ce qui peut être encore à sauvegarder....<br /> <br /> Désormais chaque croix déposée sur ma toile<br /> <br /> Je penserai D M C....<br /> <br /> Dé Aime C'est à ne pas oublier x x x <br /> <br /> Bises x x x
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N
merci pour ce reportage; si ce site pouvait être sauvé ce serait si bien et le faire revivre. Je suis une inconditionnelle des fils dmc car j'aime beaucoup broder au point de croix. Merci de ce partage nostalgique.
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B
Merci pour ces si belles images, bien nostalgiques, mais que tu as su accompagner d'un si joli texte.<br /> <br /> C'est plein d'émotion et de respect.<br /> <br /> Une bien belle visite!
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C
SUPERBE ARTICLE, merci pour ces belles photos, ces paroles bien vrais et qui m'ont un peu mis la chaire de poule... et je regrette comme toi l'époque ou tous ces lieux étaient investis par des gens "heureux" d'avoir du travail, une seconde famille au travail pour beaucoup alors qu'aujourdhui le temps ne s'est pas arrêté comme dans ce lieu.. merci pour le partage
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B
Merci d'avoir franchi ces grilles, et pour ces magnifiques photos! Effectivement tu as dû ressentir quelque chose de particulier en foulant ces allées...<br /> <br /> Remise en cause de notre identité...<br /> <br /> Tout fout l'camp comme disaient les grands-parents!...<br /> <br /> Encore merci pour la qualité de ton travail et merci pour l'émotion.
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S
Merveilleux article, on ressent tout avec toi... J'aurais aimé être là aussi pour voir tout ça avant qu'un immeuble flambant neuf ne vienne enlever le charme de ce lieu de souvenirs et d'histoire si important pour des couturières comme nous!
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L
Merci beaucoup pour cette si belle visite ou jai ressenti la même chose que toi jen ai eu des frissons ...de si beaux batiments laissés ainsi que cést triste.... amitiés de brodeuse DMC
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C
Merci !!!! bises val
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R
ET le parc WESSERLING?? est-ce autour des batiments DMC, Il faudrait vraiment que certaines personnes influentes fassent quelque chose!!! Saviez-vous que lorsque vous travaillez chez DMC, et que vous aviez un poste à responsabilité, que vous étiez une femme , vous n'aviez pas le droit de vous marier!!!!! eh oui!!! A bientôt
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A
Merci pour ce reportage emprunt de nostalgie ...j'espère que DMC viendra faire un tour sur votre blog , admirera vos superbes images...on peut croire aux miracles?
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E
J'ai le "bourdon".Montrez ce reportage dans les écoles à nos jeunes.<br /> <br /> Moi,je m'occupe du fil de lin,de ses filatures et de ses ouvrières"bagnardes" en espérant que qq'un s'emparera de ces reliques et saura transmettre.On joue quand meme grandeur et décadence. De plus les japonaises qui pillent notre patrimoine dans les brocantes font disparaitre le peu qui nous restait meme s'il peut sembler logique qu'une marchande gagne sa vie.Mesdames VENDEZ FRANCAIS
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K
Merci!!! <br /> <br /> Ton reportage est saisissant tant au niveau des photos que le texte.
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D
Merci pour ce beau reportage nostalgique.<br /> <br /> Que c'est sympa d'avoir franchi la grille on est super gâtées :-)
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G
Merci sylvaine c'est tellement triste de voir de beaux bâtiments à l'abandon quand on sait tout le travail des ouvriers d'antan amitiés geneviève
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M
merci pour ce beau témoignage, quel dommage de perdre notre savoir faire et notre patrimoine!!<br /> <br /> bonne soirée<br /> <br /> Danielle
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S
superbe reportage!! je n'ai jamais été fouiner par là bas, je ne connais que ce que l'on voit depuis l'autoroute...<br /> <br /> c'est triste de voir de si beaux bâtiments dans cet état, il aurait fallu sauvegarder tout ça, dommage.<br /> <br /> du coup c'est vrai que nos "vieilleries" DMC n'en ont que plus de valeur!!
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O
Quel vibrant hommage tu rends à cette usine et à ses ouvrières !!!!!!!!!!! encore une fois, on ne peut que constater la disparition d'une véritable institution et c'est un vrai malheur !!!!!!!!!!!!!!!!!!!! quid de toutes ces usines dans quelques années ?<br /> <br /> Merci pour ce magnifique reportage !
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F
Merci pour ce tres beau reportage et bien triste à la fois
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F
Je t'imagine devant la grille... te connaissant tu n'as pas hésité longtemps ;-) <br /> <br /> Et grand bien t'en a pris!!! <br /> <br /> Plaque de rue ou bouche d'incendie, DMC a posé sa marque. Et à notre tour nous posons la nôtre sur la toile, grâce à tous ceux qui ont fait vivre ces lieux. Merci...
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S
Merci de nous faire partager ce pèlerinage, dommage que seules les araignées filent encore dans ce lieu dont tes photos révèlent toute la vie qui a pu s'y dérouler. Nostalgie des vies ouvrières broyées comme tu le dis si bien et des fils magnifiques qui ont pu en sortir....
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F
C'est une opportunité extraordinaire que vous avez saisi, et je vous en remercie. Votre reportage est remarquable!
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L
Merci, pour cette curiosité, qui nous fait découvrir des lieux que nous n'avons jamais connus, mais entendus par nos anciens <br /> <br /> Merci pour ces belles photos si touchantes, qui nous permettent de voir ces étranges lieux où nos fils de brodeuse, etaient filés soigneusement<br /> <br /> Merci pour vos articles de si belles qualités qui m'enchante à chaque fois
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C
nostalgie ,quand tu nous tient!quelle tristesse et que de souvenirs!
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L
je suis très émue, et oui tout fou le camp et cela m'atriste, merci d'avoir partagée avec<br /> <br /> nous ce pélérinage.
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N
merci pour ce reportage bien intéressant, mais aussi nostalgique. sur ma petite ile à 8000 km de l'hexagone nous avons aussi nos friches industrielles. Distilleries, sucreries tout est rouillé, écroulé, bien triste tout cela - Nelly de gwada
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R
c'est tout bête j'en ai la larme à l'oeil !!! <br /> <br /> magnifique reportage <br /> <br /> merci !<br /> <br /> rouge antique
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J
tu as bien fait de franchir cette grille !<br /> <br /> c'est vrai que malgré qu'une partie soit déjà en ruine cette usine est encore magnifique et pourrait retrouver une seconde vie !<br /> <br /> soyons optimistes et, en plus de croiser les fils, croisons les doigts !<br /> <br /> bisous.
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M
Ciao Sylviane, un reportage magnifico, denso di nostalgia. Mentre leggevo e traducevo le tue parole mi si stringeva il cuore e mi commuovevo... che triste destino una sede lavorativa così grande e per noi così affascinante. Grazie cara! Un bacio grande! <3
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J
Nos pas dans les tiens,un sentiment mélancolique,d'un lieu qui a eu une vie!j'imagine les ouvriers et ouvrières qui ont vécu cette autre vie!une impression d'enfreindre les lois de la propriété et pourtant l'envie de découvrir aussi cette beauté abandonnée!si toutes les brodeuses du monde se donnaient la main pour ne pas perdre ce patrimoine...merci pour ce reportage si émouvant!bisous josie
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L
Merci pour ce superbe reportage. C'est si triste de voir notre patrimoine partir ainsi
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E
Merci pour ces photos et ce reportage, beau et émouvant...
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V
un joli reportage mais si triste. Ces lieux qui ont vécus, espéré et puis plus rien !!!<br /> <br /> c'est très émouvant. Essayons de garder ces souvenirs là en continuant à broder <br /> <br /> violine
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Z
merci beaucoup pour ton superbe reportage <br /> <br /> qui parle a toute brodeuse...<br /> <br /> douce journée
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N
Superbe reportage. MERCIIIIIIII pour ce bel hommage.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est pourtant tellement triste de voir un tel site à l'abandon.<br /> <br /> Pas possible de créer un musée dans ce lieu magique ?
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S
Superbe (et tellement triste) ce reportage !<br /> <br /> Merci Sylvaine
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C
j'aurais voulu être avec toi ! <br /> <br /> j'aurais voulu suivre ce fil qui lie le passé au présent, qui se faufile entre les murs, glisse sur les toits, entre les allées <br /> <br /> j'aurais voulu moi aussi prendre des photos, trouver le bon angle pour prendre en entier la haute cheminée.<br /> <br /> j'aurais voulu faire ce jeu de piste, de sauter d'une année à l'autre: 1902, 1911, 1925...<br /> <br /> fermer les yeux et imaginer de bruit des machines, voir rouler les wagons...<br /> <br /> MERCI pour le partage
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A
Quelle tristesse de voir notre patrimoine s'envoler ! Ce lieu mériterait d'être transformé en Musée. Merci beaucoup pour ce joli reportage et ces belles photos.<br /> <br /> Très belle semaine.
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M
Superbe reportage ! quel hommage vibrant et émouvant... j'en ai les larmes aux yeux.<br /> <br /> Merci Sylvaine de nous faire découvrir ce lieu mythique où la vie ouvrière s'est arrêtée un jour...<br /> <br /> Bonne semaine à toi
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M
Cc ... Merci pour ce beau et émouvant pélerinage !!!<br /> <br /> Si tout doit disparaître, ce sera vraiment dommage ... toute une époque :(<br /> <br /> Bisous, bonne journée
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M
Un peu plus loin (vu de chez moi), Wesserling a réhabilité une partie des bâtiments et en a fait qqchose de sympa, entre musée, lieu d'exposition et de démonstration, boutiques diverses bien sûr, sans parler des jardins extraordinaires. C'est dans la vallée en remontant vers Oderen.
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M
Magnifique et émouvant reportage sur ces lieux. Ton hommage est aussi, à travers toi, celui de toutes les couturières, les brodeuses! C'est avec plaisir que j'ai franchi la grille avec toi et je te remercie pour ces très belles photos, les friches ont, hélas, un esthétisme certain!
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S
c'est avec une grande émotion que j'ai parcouru ce reportage, merci beaucoup !
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O
Merci de ce beau reportage témoin de lieux du passé qui nous touchent particulièrement. Il faut parfois soulever des montagnes pour réhabiliter ou restaurer ces usines ! Tout à côté de chez moi l'usine Bohin, dont une partie est toujours en activité a été restaurée,grâce à divers partenariats publics et privés, et a ouvert un espace musée de qualité : on y voit les machines à fabriquer les aiguilles, avec certains jours les ouvriers qui nous font une démonstration de leur savoir faire, toutes sortes de documents sur la fabrication des aiguilles, de splendides statues de Fanny Ferré illustrant les métiers de l'aiguille, etc... Un espace boutique dédié aux produits Bohin, des expositions patchwork etc.'.. Une usine qui s'est ouverte au public et qui nous fait revivre l'art de L'aiguille. C'est à St Sulpice sur Risle ( à côté de L'Aigle ds L'Orne ).
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S
Quel bel hommage ! Et dire que maintenant la plupart du fil que nous brodons vient de Chine ou d'on ne sait ou, bien trop loin en tout cas... Quelle tristesse de voir tout ce savoir-faire que nous n'avons pas pu garder chez nous...
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