Les voeux de Marie Joséphine
Il y a exactement cent trente ans, la petite Marie Joséphine prenait sa plus belle plume pour présenter ses vœux à ses parents. Au-delà des formules ampoulées tout droit venues de la pesante éducation catholique, je veux retenir la jolie chromo fleurie, la dentelle ornant délicatement les bords de la page et, surtout, l'écriture appliquée d'une petite fille de huit ans concentrée sur son ouvrage.
Pas une rature… l'écriture fine et ronde semble s'écouler naturellement, d'un trait que rien ne peut troubler. Petite Marie Joséphine, je t'imagine retenant ton souffle en remplissant ta page, un pied replié sur ta chaise. Rêvais-tu d'en finir vite pour retourner jouer avec tes soeurs ou prenais-tu au contraire plaisir à l'exercice ? Voilà qui restera ton secret et un mystère pour nous…
Bien chers Parents,
Comme votre petite fille est heureuse de vous exprimer les sentiments affectueux qu'elle ressent pour vous. Il est si doux à un coeur aimant d'être compris par ceux qui, après Dieu, en ont toute la tendresse. Aussi, mes chers Parents, je prie le bon Dieu et la Sainte Vierge, qui connaissent mon affectueux amour pour vous, de me rendre sage, obéissante, afin de faire un jour votre consolation.
Je les supplie aussi de vous conserver longtemps l'affection de votre petite fille chérie.
Daignez agréer, très chers parents, les tendres embrassements de votre chère petite
Marie Joséphine Mercier
Troyes, le 31 décembre 1885