Balade en pays de nacre
Grâce aux ouvriers de la région de Méru, des générations entières ont gardé leur pantalon arrimé aux fesses et leur jupon à la taille. Toute une industrie s'est développée là, dans le Pays de Thelle, autour de cet objet trivial et superbe qu'est le bouton. Le roi de nos collections méritait le beau musée de la nacre et de la tabletterie installlé à Méru, dans l'ancienne usine Degrémont.
Le grand atelier au rez-de-chaussée du musée
Bâtie dans la seconde partie du XIXème siècle, cette fabrique abritait une centaine d'ouvriers sur quelques 1200 m². C'est donc sur leur lieu d'origine qu'ont été reconstitués les anciens ateliers de l'industrie tabletière.
Les machines noyées dans la poussière de nacre
Un impressionnant système de poulies et de courroies court au plafond, sur toute la longueur de l'atelier des boutonniers. Il se mettait en branle et entraînait les outils grâce à une spectaculaire machine à vapeur toujours opérationnelle.
On nous en fait la démonstration au cours de la visite... dans un vacarme étourdissant ! Le bruit, l'humidité, la poussière, les produits employés, tout suggère des conditions de travail éprouvantes, même si elles se sont sensiblement améliorées dans les dernières décennies d'activité.
Une machinerie prête à revenir en production, des sacs qui n'attendent que d'être remplis...
J'ai le souvenir d'avoir, dans les premières années du musée (les premières années du siècle ;-), suivi ici une visite privilégiée des ateliers avec un ancien ouvrier qui avait travaillé "pour de vrai" dans ces murs. Son récit avait une véritable puissance d'évocation. Il avait su nous faire comprendre tout l'attachement des méruviens pour leur passé tabletier, à quel point l'industrie de la nacre avait été un véritable poumon pour la région, mais aussi toute la dureté d'une vie sur laquelle il se retournait sans nostalgie excessive.
La pelle à grosse pour mesurer la production des ouvriers payés à la tâche
Les espaces d'expositions situés au premier étage du bâtiment proposent une balade à travers les collections proprement dites : boutons, dominos, éventails et, d'une manière générale, tout ce qui reflète l'industrie de la région. J'y ai remarqué aussi de beaux croquis d'atelier.
Boutons et esquisses d'éventails
Pour ma part, j'étais encore sur le souvenir de l'exceptionnelle exposition "Déboutonner la mode", présentée au printemps dernier aux Arts Décoratifs. Alors ici, c'est surtout la partie usine qui a retenu mon attention.
J'ai eu beaucoup de plaisir à refaire ce parcours pendant les dernières vacances passées à pourchasser mes ancêtres dans l'Oise. N'hésitez pas à faire le détour si vous croisez vous aussi dans la région, vous ne le regretterez pas. En attendant, vous pourrez voir quelques images du musée dans l'émission que Julie Andrieu consacrera samedi aux coquillages, les Carnets de Julie.
J'en profite pour vous signaler un autre épisode de cette émission où elle s'est baladée dans le Forez, avec un détour par la Maison des Grenadières. Merci Fabienne pour me l'avoir indiqué;-)