Travaux d'aiguilles au pays d'Enhaut
Le but de notre balade en Suisse était le musée du Vieux Pays d'Enhaut ; ce beau petit musée est renommé pour son exceptionnelle collection de papiers découpés mais il offre également une plongée dans le passé de ce bout de vallée alpine qui regroupe les trois communes de Rougemont, Chateau-d'Oex et Rossinière.
Sur les quatre étages de l'ancienne maison du préfet Cottier, on parcourt les pièces de l'habitat traditionnel, reconstitué à travers une accumulation d'objets qui allient le beau à l'utilitaire.
On passe par la forge, la fromagerie d'alpage, puis dans les différentes pièces à vivre d'une habitation de l'époque. Poteries, vanneries, boissellerie, chaque objet fait l'éclatante démonstration qu'un artisanat à la fois sobre et décoratif peut embellir les gestes du quotidien. Cependant comme on ne se refait pas, j'ai bien sûr été particulièrement attentive aux pièces textiles.
Et parmi les textiles, j'ai essayé de vous rapporter les images qui illustrent nos ouvrages de dames, avec une qualité assez erratique compte tenu des conditions "musée", c'est-à-dire des lumières respectueuses des objets combinées à leur protection sous vitrines. Mais je ne résiste pas à partager avec vous le témoignage des travaux qu'on réalisait dans ce petit coin de la Suisse.
La dentelle tout d'abord, dont l'art a été importé au XVIIe siècle dans le pays d'Enhaut par des ouvrières italiennes en route pour France et qui, sur leur chemin, ont trouvé cette jolie vallée assez à leur goût pour s'y arrêter définitivement. Je crois que ce qui m'impressionne davantage encore que la centaine de fuseaux à manipuler, c'est la forêt d'épingles avec laquelle il faut jongler !
Puis comme chez nous, le tricot, un peu plus nécessaire encore dans cette région de montagne.
Ce qu'on imagine être des travaux de jeunes filles, les traditionnels exercices de couture -et encore de tricot- et le perlage de bourses précieuses.
Et puis j'ai gardé pour la fin la cerise sur le gâteau, bien sûr ;-) Je n'ai pas pu photographier ces beaux alphabets de face à cause des vitres mais j'espère que vous pourrez tout de même les apprécier.
En 1874, Marie et Rosalie, deux soeurs probablement, brodaient chacune leur marquoir en mettant en commun leurs modèles : l'église, l'arbre surmonté de son oiseau omniprésent, les fleurs stylisées... Ils sont nombreux, les éléments partagés, et pourtant chaque ouvrage a sa personnalité.
Voici à nouveau deux ouvrages parents, peut-être ceux d'une mère et de sa fille cette fois-ci, car je vois bien une génération d'écart entre ces deux marquoirs.
Et puis enfin, deux anonymes brodés à une dizaine d'années d'écart, en 1842 et 1854. Tous ces précieux alphabets, présentés dans leur environnement, dialoguent parfaitement avec les objets d'art populaire dont regorge le musée ; ils sont un régal à contempler et à détailler.
Et j'en fais l'aveu, avant de partir je me serais bien servie dans cette boîte à couture, juste un petit métrage de ce beau ruban rouge ;-)