Cahier de vacances {5}
Aujourd'hui, nous plongeons dans un grand classique en matière de cahiers de couture : le cahier de coupe et son lot de patrons. Celui-ci est un grand recueil de 30 centimètres de haut sur 23 de large, protégé par une couverture rigide aux angles renforcés par des coins de cuivre. Il a été patiemment rempli par Marie Bossaerts, au couvent des Ursulines de Hoogstraten et nous en connaissons précisément l'année : 1900, tout pile au tournant du siècle.
Une piste m'amène à trois soeurs, Marie Catherine, Marie Angéline et Marie Hortense, dont les parents étaient agriculteurs à Ranst, tout à côté d'Anvers. Elles avaient respectivement 18, 16 et 14 ans en 1900. A laquelle des trois attribuer ce beau cahier ? D'autres possibilités d'ailleurs pourraient surgir d'une recherche en règle. Mais j'avoue ne pas m'être aventurée plus avant dans le déchiffrage des actes en néerlandais.
Cependant, nous avons au moins une idée assez précise de l'environnement scolaire dans lequel évoluait notre jeune Marie. Hoogstraten est une petite ville de la province d'Anvers, tout au nord de la Belgique, à quelques kilomètres à peine de la frontière avec les Pays-Bas. Les Ursulines s'y sont installées pour y fonder une école en 1832. Quand Marie y fréquente en 1900, voilà à quoi ressemble le pensionnat :
Le bâtiment est sévère mais ces demoiselles ont à leur disposition une cour pour les jeux et même un parc pour y profiter de l'air... ou prendre la pose de manière un peu convenue :-)
Quand la journée est terminée, les abeilles regagnent la stricte alignée de leurs alvéoles. Devant chaque chambrette, un rideau offre à la dormeuse un semblant d'intimité... et ne devait pas empêcher, de temps en temps, que les chuchotements et les fous rires se propagent de l'une à l'autre !
Ainsi allait la vie de Marie... mais le plus intéressant est cette vue de la salle de coupe dans laquelle il est fort probable qu'elle ait élaboré son beau cahier.
Place au cahier, justement ! Il est rempli de croquis mis en couleur au crayon estompé et titrés par une calligraphie experte, même si parfois Marie a fauté sur quelques lettres, sans doute sous l'effet de la concentration. Une difficulté supplémentaire pour elle était peut-être de devoir écrire en français dans une province néerlandophone.
Sur le schéma des vêtements, Marie a parfois représenté de délicates broderies à l'encre de chine. Toutes les pages sont séparées par un papier de soie qui les protège d'un éventuel transfert de couleur de l'une à l'autre.
Pour que vous puissiez examiner le cahier dans tous ses détails, j'ai laissé les photos en bonne taille ; mais je vous rappelle que pour en profiter, il vaut mieux éviter le système d'agrandissement des images de Canalblog sur le clic gauche. Préférez le clic droit sur l'image pour ouvrir le menu contextuel puis l'option "ouvrir le lien dans un nouvel onglet" ou, plus rapide : directement le clic sur la molette centrale de la souris.
Suivent dix pages d'explications qui détaillent les méthodes de réalisation pour chacune des pièces dessinées et aussi des indications plus générales sur la confection. Ces pages-là sont encadrées par des branchages plus ou moins stricts.
Puis l'élève termine son oeuvre par le joli myosotis du souvenir. Merci Marie, tu nous as comblées par la grâce et la précision de ton travail !