Guenilles
En ce moment, je réfléchis autour des reprises ... devinez pourquoi ? D'ailleurs je vous signale tout de suite un petit changement dans le calendrier du cahier, tout simplement pour des raisons logistiques liées à mes déplacements : je place au meilleur moment les travaux nécessitant un éclairage optimal que je ne trouverai probablement pas dans les chambres d'hôtel.
Avec la bénédiction de ma binôme :-) le travail sur les reprises se trouve donc repoussé à la publication du 28 juillet et le calendrier des billets se présente désormais ainsi jusqu'à la pause estivale :
- 26 mai : tricot
- 30 juin : jours
- 28 juillet : reprises et raccomodage
Cependant même s'il s'éloigne un peu dans le temps, le thème me trotte dans la tête et j'explore des merveilles, dans la foulée du sashiko que j'ai évoqué avec les points droits.
Depuis longtemps déjà, je fantasme sur les mystères des vieux boros japonais. Pour moi, la fascination naît de ces couches multiples dont chacune a pour vocation de cicatriser la précédente ; et je pourrais bien me laisser hypnotiser par l'accumulation quasiment obsessionnelle des points avant.
Rapiécer des guenilles pour faire du encore utilisable avec du bon à jeter... Du dénuement absolu naît l'impérieuse nécessité de récupérer les lambeaux abandonnés par ceux qui ont de quoi ; il faut réutiliser ces haillons à l'infini, et de les réutiliser encore quand plus aucun usage ne semble possible. Le boro est l'illustration de ce paroxysme dans le recyclage auquel étaient contraints les pauvres parmi les pauvres.
Je songe à mes grands-parents démunis de tout, je songe à mes préoccupations de nantie mobilisée aujourd'hui sur le zéro déchet : c'est sans doute pour ces raisons paradoxales que le boro me parle si intimement.
J'échapperai cependant à l'absurde inanité des fringues neuves qu'on passe au papier de verre pour les vendre pré-trouées. Car mes armoires débordent de tissus que le temps a blessés : rideaux cramés par le soleil, toiles à matelas aux piqûres assassines, coutils touchés de rouille, tabliers devenus d'improbables torchons, imprimés à fleurettes fragilisés jusqu'à la transparence par un usage intensif ... Tous ceux-là qu'un esprit sensé aurait dirigés droit vers la poubelle constituent chez moi des piles de pourquoi pas.
Je la tiens, ma revanche ;-)