Laisse pas traîner ton fil
Ces dernières semaines, la médiathèque Françoise Sagan nous proposait d'explorer les résonances entre texte et textile au travers d'une exposition à multiples facettes. J'ai eu la chance de me trouver à Paris juste avant la fin de cette manifestation, et je ne l'ai pas regretté.
Malheureusement mes photos sont médiocres et ne rendent pas justice à l'installation : dans un environnement baigné de lumière naturelle très agréable pour la visite, les vitrines sont de redoutables ennemies de l'appareil photo. Mais je ne voulais cependant pas manquer de poser ici le souvenir de cette passionnante exposition.
C'est un beau lieu pour accueillir des ouvrages d'aiguilles : la médiathèque a pris place dans l'ancienne prison Saint-Lazare où sont passées des milliers de femmes qui expiaient le péché d'être pauvres. Prostituées, filles perdues ou abandonnées, criminelles ou détenues de hasard, combien ont dû maudire ces travaux de couture qu'on leur imposait pour leur rédemption ?
Comme un passage obligé, le début du parcours met l'accent sur les travaux anciens, en proposant des abécédaires en provenance du musée national de l'éducation à Rouen ou prêtés par le public de la médiathèque. J'ai aimé que cette entrée en matière mette à l'honneur des ouvrages plutôt modestes, principalement des marquettes de l'apprentissage scolaire.
C'est toujours un plaisir de découvrir ces morceaux de toile sur lesquels nos petites ancêtres ont tiré la langue, d'autant plus lorsqu'ils sont joliment mis en valeur au milieu d'objets anciens comme des festonneurs ou des livrets de marque ; cependant de tout cela je ne suis pas privée et pour moi, tout l'intérêt de l'exposition s'est révélé être dans ce qui suivait.
J'ai particulièrement aimé tout ce qui tournait autour du livre. Une vitrine était tout d'abord consacrée aux ouvrages sur tissu conçus pour les petites mains impatientes.
Les livres très variés proposés ici, français et anglais principalement, proviennent du fonds patrimonial de la bibliothèque pour la jeunesse L'Heure Joyeuse.
Et puis j'ai surtout aimé voir enfin "en vrai", les livres uniques créés par les artistes du textile et que la bibliothèque Forney nous présente régulièrement via son mur Facebook. Mais il n'y a rien de tel pour apprécier ces œuvres où la matière joue un si grand rôle que de les voir en volume.
Frédérique Le lous-Delpech (merci Elisabeth :-)
L'exposition se termine en point d'orgue par deux grands panneaux de toile de Jouy ancienne puisant leur thème dans des œuvres littéraires et dont on peut examiner à loisir, cette fois sans vitre, les moindres détails.
Je sais qu'en ce moment, j'ai un peu tendance à voir partout matière à repriser ; mais vous m'avouerez que ce pauvre Don Quichotte me narguait ouvertement :-)
Cette petite exposition était si riche qu'il y aurait encore bien des choses à en dire : les proverbes misogynes d'Annette Messager, les mouchoirs de Fanny Viollet, les cartes postales brodées (et un mystérieux catalogue Furia), les étiquettes tissées, les wax imprimés d'alphabets... tout dans le choix des oeuvres justifiait le sous-titre choisi pour la manifestation, Mots tissés, histoires brodées.