Mains à l'ouvrage
On rencontre parfois leur mine rêveuse à la faveur d'une balade sur le net : les demoiselles à l'ouvrage de William Bouguereau sont toujours une jolie surprise. Elles cousent, elles tricotent, elles crochètent, elles dévident ; bref elles ont toujours une pelote au bout des doigts pour occuper leur temps.
William Bouguereau fut un peintre à succès mais fort décrié en son temps pour sa manière laborieusement léchée. Il faut dire que lui et ses comparses bien en vue bouchaient l'accès aux salons à tout une génération de jeunes peintres piaffant derrière eux, avides de faire souffler sur tout cet académisme compassé un grand vent de nouveauté.
Le cruel Degas avait même inventé le verbe bouguereauter pour moquer le coup de pinceau habile et mièvre des peintres produisant des œuvres sans aspérités.
Le Matin du 6 juin 1885 - Source : Gallica
J'avoue que je goûte fort peu ses groupes de naïades évaporées ou ses sujets mythologiques. Mais ne serait-ce que pour le thème, je sauve sans états d'âme ses petites tricoteuses, ses jeunes couturières et ses demoiselles crocheteuses.
Est-ce que ma sélection vous convaincra ?
Jeune ouvrière, 1869 - Collection particulière
La couturière, 1898 - Collection particulière
Tricoteuse, 1869 - Joslyn Art Museum
Tricoteuse, 1879 - Appleton Museum of Art
Tricoteuse bretonne, 1871 - Collection particulière
Une chose en entraînant une autre, je suivais les pas de Bouguereau lorsque je suis arrivée dans ceux de Julien de Casabianca qui reproduit des œuvres classiques sur des façades décrépites ; et notamment, sur une usine abandonnée de Memphis, cette petite boudeuse qui a tout de suite un air moins académique de se retrouver sur fond de briques. Ainsi, aurait-elle plu à Degas ?
Et puisque j'étais partie sur le street art, Julien de Casabianca m'a entraînée en Pologne, à Bialystock, avec cette petite fille tricotant une chaussette et dont je n'ai malheureusement pas identifié l'origine. La bouche est bouclée...