Merci Jennifer !
Après la composition avec Sue Stone, puis les mots avec Merill Commeau, Jennifer Collier nous proposait cette semaine d'explorer les multiples possibilités du papier pour réaliser des collages inspirés du patchwork et de la couture. Les deux premières semaines du Community Stitch Challenge 2021 m'ayant un peu poussée dans mes retranchements, je suis enfin partie sur ma pente naturelle : direction le stock des vieux papiers.
Je vous avais déjà parlé du trafic entre l'appartement de Babeth et le mien : quand elle veut éliminer mais que ça lui fait mal au cœur de jeter, elle transvase chez moi. D'ailleurs, en relisant ce billet du printemps dernier et en voyant tous ces papiers dont je me suis débarrassée après un premier tri, je regrette maintenant leur potentiel abandonné. Mais les lois de la physique sont ainsi faites qu'à un moment, il faut faire un choix : survivre en faisant un peu de tri de temps en temps ou bien périr asphyxiée sous mes brols :-)
D'autant qu'il m'en reste largement. Et notamment, dans le don de Babeth, se trouve une énorme chemise contenant les croquis d'atelier d'un bureau de broderie vosgien qui a été dans sa famille au début du XXe siècle. J'aurai certainement des choses à vous raconter sur ce bureau quand j'aurai creusé son histoire.
Outre ces merveilleux dessins, la grande chemise de papier bleu resserrait des découpages de journaux de broderie des années 1900. C'est dans cette partie-là que j'ai tapé pour mon premier patchwork de papier.
Puisque le matériel venait de chez Babeth, je l'ai copiée en choisissant pour mon collage les jardins de grand-mère qu'elle affectionne en ce moment. J'ai sélectionné les prénoms et les monogrammes pour mes hexagones et j'en rebrodé certains en utilisant la technique dont je vous avais déjà parlé ici. Les papiers d'assez piètre qualité servant de support à la presse éphémère de l'époque étaient plutôt mous et friables mais finalement, le renforcement par de la toile thermocollante s'est révélé encore une fois assez efficace pour leur permettre de résister au piquage de la broderie.
Je me suis amusée à glisser dans mes blocs le prénom de ma maman et de celle de Babeth, ceux de nos grand-mères, le ose d'une Rose dont le R ne tenait pas dans l'espace de mon hexagone, et aussi le tampon du bureau de broderie tenu par Marie Claire Adam à Épinal, afin de marquer le souvenir de sa belle documentation. Et j'ai transformé tous ces prénoms en hommage aux petites mains vosgiennes qui ont tant œuvré pour fournir à la bonne société son précieux linge monogrammé.
Du rouge, un portrait de groupe, un coin de mouchoir brodé, quelques boutons de nacre, un entre-deux de fil, un monogramme de St-Gall en guise de signature... Cette fois-ci je suis bien retombée dans mon ornière et c'est surement pour ça que je me suis tant régalée sur ce collage. Impossible donc de m'arrêter en si bon chemin.
Puisqu'au départ, Jennifer nous avait proposé de travailler notre patchwork sur la base de la classique construction Cathedral windows, je voulais également tenter cette approche-là. J'avais encore l'esprit tout imprégné de mes brodeuses sur blanc, je suis donc restée avec elles pour mon deuxième collage.
La base est un courrier au bel en-tête qui dormait depuis longtemps dans mon stock de vieux papiers merciers. Et si vous avez un doute : oui, j'ai hésité à le découper ;-) Mais je me suis dit que c'était une façon de le sortir de l'ombre et qu'une copie n'aurait pas le même charme.
J'ai mixé plusieurs cartes postales pour avoir assez de portraits de brodeuses, que j'ai enchâssés dans des pages joliment jaunies extraites de mes Semaine de Suzette en double. J'y ai ajouté des boutons de nacre (encore !), le reste du mouchoir utilisé dans le collage précédent, un bout de galon en guipure et un petit morceau de ruban de marque pour ma signature. Et à part ce rien du tout, j'ai résisté de toutes mes forces au rouge.
C'est bien simple : je me suis éclatée à bricoler sur ces collages ! J'ai remis le nez dans les classeurs de vieux papiers que je n'avais plus ouverts depuis quelque temps et je me suis demandé comment je n'avais pas eu l'idée de ce genre d'ouvrage auparavant. Jennifer est mon héroïne et m'a donné une énorme envie de poursuivre dans cette voie.
En tout cas, ce challenge de printemps qui nous a été offert par TextileArtist.org m'a sortie de ma léthargie manuelle et j'en suis vraiment reconnaissante à l'équipe. Est-ce que ce sera seulement un intermède ? Car mes projets d'écriture en génégalogie m'appellent déjà... Mais je vais essayer de mixer les deux pour parvenir un équilibre un peu plus satisfaisant.