Point de croix du XVe siècle ?
Probablement pas… mais fort ancien, en tout cas. Gallica nous a partagé cette semaine un livre d'heures relativement ordinaire mais qu'un petit quelque chose distingue cependant de ses congénères. S'il n'est pas daté précisément, la forme de son écriture le situe au XVe siècle. On ne sait même pas qui est à l'origine de sa création, seulement qu'il a été donné à la bibliothèque de l'Arsenal par son dernier détenteur, le marquis de Paulmy.
C'est le genre qui veut ça : il contient des listes de saints à n'en plus finir et tout ce qu'il faut de textes religieux pour qu'une fervente catholique y trouve de quoi rythmer ses journées de prière.
Les enluminures marginales ne se distinguent pas particulièrement par leur finesse ni leur originalité. Elles sont ornées de leur lot de fleurettes, de fraises des bois, de baies diverses et contiennent ce qu'il faut d'oiseaux furibards, de serpents à l'estomac expressif et autres chimères à l'air spécialement malaimable.
Alors qu'est-ce qui mérite donc qu'on s'y arrête ? Mais ceci, bien sûr !
Sur une des premières pages de l'ouvrage, une main a soigneusement appliqué un petit carré de lin brodé au point de croix. La brodeuse anonyme a utilisé des fils d'or, d'argent et des soies de couleur pour représenter, bien sûr, des motifs religieux.
Ils sont encadrés d'une frise fleurie et le carré est fini par un point s'apparentant au feston, réalisé avec un fil argenté doublé qui maintient un cordonnet doré. Vu la taille et la forme de la pièce, peut-être est-ce un morceau rescapé d'un ancien scapulaire ?
La broderie est forcément un ajout postérieur à la fabrication du livre, mais de combien ? Sur la même page, ont été ajoutées deux autres reliques dont cette médaille qui paraît vraiment ancienne. Mais comme je n'y connais rien ni dans la chose religieuse, ni dans les techniques de frappe, je ne sais en tirer aucune conclusion.
On bat le Bostocke, à votre avis ? La question se pose que pour la date, évidemment, car pour la consistance, les deux ouvrages sont sans commune mesure…
Beaucoup de questions sans réponse… Gallica nous fait tourner en bourrique, en semant de la broderie au milieu de son papier !