Cahier de vacances {6}
Le cahier de Christiane (et non pas Christine, comme l'a justement remarqué Mylène :-) marque le souvenir d'une jolie balade : je l'ai trouvé au musée de l'école 1900, à Saint-Martin-des-Olmes.Il ne faut pas manquer d'y faire étape si vous croisez dans les parages. Il regorge d'une multitude de souvenirs scolaires, de jeux, et il évoque les institutrices et les instituteurs qui consacraient leur vie à leur métier. Le panorama est très complet puisqu'il y a même des travaux d'aiguilles :-)
Comment les élèves pouvaient sérieusement rester le nez sur leurs cahiers dans cette jolie école ouverte sur l'horizon, voilà qui est un mystère pour moi ; il me semble qu'avec un paysage pareil à la fenêtre, je n'y aurais eu que des envies d'évasion.
C'est un cahier bien plus modeste que celui de la semaine dernière mais en cela, il correspond bien aux objectifs que se fixait l'éducation à la couture, il n'y a pas si longtemps encore ; "Ce qu'il convient d'encourager avant tout, ce sont les ouvrages courants, les travaux simples, usuels, qui témoignent d'une direction toute pratique et qui ne visent pas à dépasser la mesure des besoins ordinaires du ménage. Un mot suffit à caractériser ce que doit être la couture à l'école primaire : la couture domestique. (...) Ajoutons qu'il importe moins de faire produire immédiatement à l'enfant des chefs-d'oeuvre que de la mettre en état de se servir de ses doigts avec agilité et habileté dans ses travaux futurs" Cours de pédagogie théorique et pratique, Gabriel Compayré.
Cinquante ans après, le cahier de Christiane incarne cette théorie de l'utilitaire et n'a rien à voir avec les fioritures dans lesquelles excellaient les demoiselles de pensionnat. Couture usuelle, raccommodage, ornementation simple voire simpliste : voilà ce qui devait servir à une vie de ménagère. La couture à l'école brillait de ses derniers feux et aurait disparu deux décennies plus tard.
En 1952, le cahier de Christiane nous raconte aussi cette mutation dans la vie des femmes.