Des nouvelles de Charles
Depuis plusieurs semaines, mes mains se tiennent assez éloignées de tout ce qui ressemble peu ou prou à une aiguille. Même mon cardigan Geiger, bien entamé puisque le dos est entièrement terminé, reste piteusement à l'abandon en espérant des jours meilleurs. Il y a des moments comme ça où la motivation n'y est plus mais j'attends de pied ferme le premier frisson pour m'y remettre avec entrain ;-)
En revanche -ceci explique peut-être cela- mes doigts s'activent sur le clavier et j'avance dans ma généalogie, avec des recherches qui se concrétisent... et bien sûr, des impasses qui surgissent tout aussitôt, constituant autant de nouveaux défis. Je commence maintenant à piaffer en attendant le moment où il sera à nouveau possible de planifier dans la sérénité des visites en salle de lecture.
J'ai longtemps hésité pour mes projets d'écriture dans ce domaine : créer un blog dédié ou balancer ici mes recherches, essentiellement familiales ? Chaque solution avait ses avantages et ses inconvénients mais j'ai finalement opté pour la première, en premier lieu pour ne pas bassiner avec le sujet celles d'entre vous qui ne s'y intéressent pas. Pour les autres, vous pouvez suivre cette nouvelle aventure ici :
C'est un début, j'ai juste tenté un galop d'essai avec l'exercice assez convenu mais cependant amusant des recherches sur mes Sosa 2020 et 2021 ; je compte intensifier les publications en février pour le défi d'écriture lancé par Geneatech.
Mes recherches pour Ouvrages de Dames et pour Passerelle sont cependant complémentaires, en voici l'illustration dès aujourd'hui. Une partie de ma quête familiale se situant en Louisiane, je suis devenue l'heureuse détentrice d'une carte de lectrice à la bibliothèque publique de la Nouvelle-Orléans ; j'ai donc profité des nouvelles ressources ainsi mises à ma disposition pour en apprendre davantage sur le frère d'Ernestine.
Rappelez-vous ; nous l'avions laissé missionnaire en Louisiane mais sans plus de renseignements sur sa vie outre-Atlantique, excepté son décès à Opelousas en décembre 1946.
C'est la presse, cette fois-ci, qui va nous permettre de le suivre, parfois avec pas mal d'indiscrétion quand nous sommes à la rubrique des petits potins ;-) On y apprend par exemple que le père Charles Devirat était telle semaine en visite à la Nouvelle-Orléans, ou bien qu'il a un invité pour quelques jours en la personne de Mr Fruge, ou encore que vendredi dernier, il s'est rendu à Donaldsonville en compagnie du père Branche, qu'il a recommandé Miss Lizzie Lawes pour un poste d'enseignante à l'école privée, qu'il a demandé à Theodore Smith de creuser un puits chez lui... Toutes nouvelles bien évidemment de première importance pour la vie locale !
Mais au-delà des cancans du bayou, c'est surtout son éloge funèbre paru dans le Abbeville Meridional, le journal de la paroisse de Vermillion, qui documente son parcours de manière assez circonstanciée.
D'abord avec des éléments qui confirment, tout en le précisant, ce que nous savions déjà de lui avant son départ pour les États-Unis : ordonné prêtre le 14 juin 1902 à Lyon, Charles passe ensuite cinq années aux missions en Afrique. Puis, arrivé à la Nouvelle-Orléans à l'automne 1907, il y est admis par l'archidiocèse et débute une carrière qu'il poursuivra, jusqu'à la fin, au cœur du pays cadien.
Tout d'abord prêtre assistant à Crowley puis à Paincourtville, il prend en 1911 la charge de l'église Saint Joseph à French Settlement. En 1915, il est affecté à Chataignier, puis il termine son parcours à Leroy, une jeune paroisse fondée en 1922.
C'est là qu'il avait sa résidence au moment de sa mort et s'il est finalement décédé à Opelousas, soixante kilomètres plus au nord, c'est qu'il s'y était rendu pour consulter un spécialiste après avoir fait un sérieux malaise pendant la messe et avoir dû rester alité depuis.
J'ai passé une soirée à sillonner cet étrange pays cadien à la recherche des communes où vécut Charles, avec parfois un peu de mal pour les identifier : souvent les habitations s'étirent le long des routes sans qu'on trouve vraiment les centres-bourg dont nous avons l'habitude.
Par les temps qui courent, c'est une manière de voyager qui a ses avantages et qui ne coûte rien en kérosène ni en essence. Je suis tombée un peu par hasard sur l'église Saint Joseph dont Charles avait la charge à French Settlement. Un bâtiment moderne y a été construit mais la petite église de bois où il a officié a été préservée non loin de là. J'imagine Charles sur le perron, accueillant ses fidèles pour la messe du dimanche matin, dans une ambiance très petite maison dans la prairie.
Et pendant ce temps-là, quelque part en France, une jeune fille parachevait son apprentissage des travaux d'aiguilles en perlant une précieuse petite bourse.
Messieurs les curés, appliquez-vous à vivre bien saintement, même au bout du monde... car vous n'êtes pas à l'abri de voir votre vie décortiquée par une brodeuse du futur, au prétexte qu'elle s'intéresse à l'ouvrage de votre petite sœur :-)
Vous pouvez revoir ici les recherches dans lesquelles je vous ai entraînées à la poursuite d'Ernestine. Les liens figurant dans les tutoriels sont pour certains brisés car les Archives départementales de la Côte-d'Or ont mis en ligne une nouvelle version de leur site ; j'ai le projet de réactualiser entièrement la série et de la publier dans sa nouvelle version sur Passerelle.