Denim, sashiko et broderie mécanique
Suite de l'aventure en bleu, je vous fais grâce de mes essais de peinture plus ou moins heureux pour me concentrer sur les invites du #CareDecember qui nous ont emmenées cette semaine du côté du textile. Car je ne m'y attendais pas en embarquant dans ce challenge, mais il y en eut : vendredi dernier, Kasia nous a proposé de travailler autour du denim et lundi, c'est le sashiko qui était à l'honneur.
Pour le denim, je suis parti d'un vieux jean de mon père mis au rebut. Il était tout mangé d'accrocs mais je l'avais conservé dans l'idée de l'intégrer à futur ouvrage souvenir. Je pouvais bien en prélever un petit morceau pour l'occasion.
Mon idée pour rendre hommage à ce textile, à la fois si quotidien et si précieux par l'histoire qu'il porte en lui, était de le réparer à la façon de l'art japonais du kintsugi qui habille d'or les blessures de la porcelaine.
De l'or pour l'esclave qui a trimé dans les champs de coton, de l'or pour la rattacheuse qui s'est échinée derrière ses ensouples, de l'or pour ma mère qui a passé sa vie en jeans.
J'ai donc utilisé un fil doré pour consolider la toile aux endroits où elle était fragilisée et j'ai glissé une feuille d'or sous l'accroc qu'il fallait combler.
Pour faire le fond de ma page, j'ai utilisé une vieille facture des établissements Motte-Bossut Fils qui filaient le coton et la laine pour en faire cretonnes et velours.
Après avoir déjà un peu tiré le denim vers le Japon avec l'inspiration du kintsugi, j'y suis résolument partie le jour du sashiko.
Avant d'être la broderie purement décorative qu'il est devenu aujourd'hui, le sashiko est une technique de couture qui permettait de raccommoder et de faire durer les vêtements quand on était trop démuni pour les remplacer. Encore une histoire de la pauvreté inscrite dans le textile modeste.
J'ai replongé avec délices dans mon stock de vieux devantiers bleus qui ont connus des heures de dur labeur et j'en ai extrait des morceaux rendus presque transparents par l'usure. Une couche cicatrisant la précédente, j'ai solidarisé tous mes morceaux par le point avant du sashiko.
Mais ce voyage vers l'est ne me fait pas oublier que nous fêtons Noël dans quelques heures. Retour express par ici, donc, et vers la broderie mécanique pour le plaisir d'une de ces jolies cartes postales fleuries que nous aimons tant.