La seconde vie d'un rideau
Il faut parfois attendre que les rencontres se fassent entre la réserve de vieilleries et l'idée pour les remettre au goût du jour. J'avais depuis pas mal de temps ce rideau sur la pile des possibles sans avoir encore trouvé la bonne manière d'en faire usage ; je le trouvais séduisant mais j'étais rebutée à la fois par ses motifs un peu volumineux à placer et son épaisseur qui ne m'incitait guère à l'utiliser pour le cartonnage.
Faux.. et faux ! Pour le placement des motifs, mon vieux rideau s'est amouraché fort à propos d'un piteux ratage : j'avais quatre tiroirs à monter pour restaurer un cartonnier et je n'ai bien sûr pas été fichue d'ajuster les dimensions du premier coup. Il me restait donc un fond de boîte un peu trop grand qu'il aurait été dommage de jeter.
Raté pour le cartonnier, mais bonne affaire pour le rideau dont la bande fleurie s'ajustait parfaitement à la largeur du tiroir laissé pour compte. Du coup, ses motifs un peu embarrassants sont devenus l'atout majeur de mon vieux tissu.
Ce qui fait le petit look original de la boîte est venu de Michèle qui m'a suggéré de placer sa charnière sur le côté étroit. Ah ! Et je lui suis redevable de son côté chic, aussi ; car elle m'a fait tilté sur ce tissu prune acheté pour un autre usage, lors de notre balade de la veille en Lozère, alors que je m'entêtais à vouloir marier mes fleurs roses à une popeline gris fumée.
Voilà pourquoi il faut toujours cartonner en bonne compagnie :-)
En passant à la réalisation, le vieux rideau dont je craignais l'épaisseur s'est révélé bien au contraire le tissu idéal, s'adaptant à toutes les courbes avec une facilité déconcertante. Il accepte si bien d'être moulé sur les découpes que je pense déjà à lui pour quelques projets bien tarabiscotés !
Au bout du compte, le seul casse-tête a été de venir à bout de ce tissu uni, presque un voile, si fin qu'il frémissait de peur à la vue du pinceau de colle. Les quelques inévitables bougnettes ont eu le bon goût de se faire discrètes en se plaçant pas trop mal. Pour le reste, le fer à repasser m'a sauvé la mise en rattrapant les bulles aux endroits où j'avais été trop parcimonieuse en colle.
Pour finir, je partage cette jolie mercerie dans la campagne lozérienne pour celles qui ne me suivent pas sur Facebook. C'est donc là que j'ai trouvé ce voile prune, prévu au départ pour accompagner un velours de coton mauve poudré. Trouver du velours de coton... un petit miracle ! C'est un endroit de perdition comme on les aime et un très joli but de balade si vous croisez un jour dans les environs de Saint-Chély-d'Apcher.