Habitude surannée
Qui fait encore ça ? Pas moi et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir été biberonnée aux habitudes surannées pendant toute mon enfance... Car le matin nous prenions le petit déjeuner à la cuisine en ordre dispersé mais le midi et le soir, la table était systématiquement mise au séjour.
Par conséquent nous mangions sur une nappe. En tissu, la nappe : repassage +1.
Par conséquent, nous usions de serviettes. En tissu, les serviettes : repassage +1.
Par conséquent, les porte-serviette s'imposaient pour que chaque convive retrouve la sienne au repas suivant. En tissu évidemment : repassage +1.
Je ne sais pas si quelque chose me semble plus vain que le repassage. Disons qu'il fait combat égal avec le ramassage de la poussière, tout en haut de ma liste des choses vaines : dès que c'est fini, il faut recommencer, on n'en voit jamais le bout. J'ai forcément des tas de choses plus primordiales ou plus intéressantes à faire. (une dissertation sur les porte-serviette ?)
Bref depuis que j'ai quitté le nid, les serviettes ne sortent des armoires que pour les repas où je veux faire mon intéressante avec une jolie table. Et quand je garde mes hôtes plusieurs jours, l'habitude surannée du porte-serviette ressort forcément, comme un diable qui surgit de sa boîte. Ce n'est donc pas très souvent, surtout ces derniers temps ; pour mon ordinaire, et je suppose que je ne suis pas seule dans cet abominable relâchement, un carré de sopalin fait parfaitement l'affaire.
Ce qui vous vaut ce passionnant développement ? Un nouveau tri fait dans ses armoires par Babeth qui s'est concrétisé, comme d'habitude, par un transfert dans les miennes. Cette fois-ci, c'est un sac de linge vintage ou ancien ; et dans le vintage, quelques porte-serviettes qui m'ont renvoyée à mes souvenirs d'enfance. J'aime la trivialité de ces objets du quotidien, cantonnés à leur destin utilitaire mais auxquels on oublie rarement d'ajouter une petite touche de fantaisie.
Tout blancs, tout simples, à peine ornés de jours échelle ou d'une guipure de frivolité qui dévoile timidement son raffinement lorsqu'on soulève le rabat de la pochette...
... ou alors celui-ci, doublé par son jumeau brodé en bleu pour mieux souligner le travail du plumetis.
J'en ai profité pour rechercher les pochettes que j'ai conservées pour les grandes occasions. Il y en a une que je vous ai déjà montrée il y a bien longtemps, offerte par Annie lors du bel échange de l'Avent 2014. Elle m'avait un peu provoquée dans le message qui l'accompagnait...
... et je m'étais donc exécutée derechef en ajoutant au plumetis d'origine mes initiales au point de croix.
À la table familiale, la tradition des serviettes en tissu pour les repas de tous les jours a été maintenue jusqu'au bout, avec celle des incontournables porte-serviettes. J'avais donc brodé pour mes parents ces deux pochettes à leurs initiales, pour apporter une double dose de raffinement à cette habitude indéboulonnable. Il m'arrive aussi (parfois) de faire du tri (un peu) dans mes armoires, mais j'avoue les avoir conservées avec tendresse, même si je n'en ai plus guère l'usage.
Et vous ? Vous êtes dans le camp des serviettes + porte-serviette ou dans celui de l'essuie-tout qu'on jette après usage ?