Ridicule réticule
J'étais particulièrement ravie du thème choisi pour notre échange de cette année : les boutons, je n'allais pas rechigner ! Bizarrement, j'ai pourtant bloqué pendant longtemps et l'idée a émergé assez tardivement... je crois que je suis trop absorbée par le cahier :-) En revanche, dès que je m'y suis mise, ça n'a été que de la légèreté pour aller au bout.
J'ai un stock de fermoirs anciens qui dort, qui dort, qui dort... rien de plus culpabilisant que ce matériel inutilisé :-( Je l'avais à peine écorné pour enjoliver mon sac lors de l'échange 2015. Ce serait donc une pochette, on a toujours besoin d'une petite pochette chez soi !
Un réticule, plus exactement... un réticule ou un ridicule ? De Balzac à Tolstoï, il est toujours amusant de croiser ces appellations fantaisistes tellement datées dans leur époque qu'elles nous paraissent aujourd'hui hermétiques.
Ridicules, en plein XIXème siècle, c'est bien ainsi qu'on jouait à qualifier les petits sacs portés du bout des doigts, parfois pour s'en moquer comme le suggère assez cette chronique parue dans La Lanterne en 1901.
La Lanterne du 14 novembre 1901 - source : Gallica
Mais le qualificatif de ridicule pour évoquer le réticule était malgré tout assez passé dans le langage courant pour qu'il soit repris, sans ironie cette fois, par les arbitres des élégances. Ainsi le font par exemple La Mode de Style en 1891 ou bien Le Petit Écho de la Mode en 1896.
source : Gallica
Une décennie plus tard, aux prémices du XXème siècle, le très sérieux catalogue de ce qui allait bientôt devenir Manufrance emploie encore le terme sans broncher, pour commercialiser ses fermoirs.
Catalogue de Manufacture française d'armes et cycles de Saint-Étienne en 1905 - source : Gallica
Alors moi, je veux bien que mon réticule soit un ridicule :-)
J'ai choisi un imprimé très léger, presque un faux uni, déjà utilisé pour le classeur généalogique ; je suis restée sur l'idée de le broder en écru, une teinte qui m'a semblé particulièrement bien adaptée pour accompagner les boutons de nacre et aussi leur laisser la vedette.
Car bien sûr, je n'ai même pas débattu un quart d'instant sur les boutons à utiliser, là-dessus je crois que je suis un peu monomaniaque : je ne me lasse pas de plonger dans mon stock de nacre.
Pour mettre en place ma prairie fleurie, j'ai encore eu recours à la magie du stylo Frixion afin de tracer quelques tiges et de pouvoir les rectifier au fur et à mesure de la broderie. Ça m'a permis de constater tout de même un petit inconvénient de ces stylos, conçus pour être utilisés sur du papier blanc : sur un tissu foncé, ils laissent une trace blanchâtre après l'effaçage. Leçon sans frais pour cette fois car les marques sont insoupçonnables une fois les boutons mis en place ; mais je m'en méfierai dans une autre situation.
Côté broderie, je m'en suis tenue à du basique : point de tige, point de bouclette et point de nœud. Celui-là, je vous avais prévenues que j'en sèmerais partout maintenant que j'ai été touchée par l'illumination et que j'ai enfin compris la technique pour le réaliser.
Comme je n'avais pas de chaînette à accrocher à la bourse, je l'ai remplacée par un entre-deux de fil à croisillons. Il se fixe aux anneaux par une simple boutonnière, ce qui permet de le retirer facilement si on n'en a pas besoin pour suspendre la pochette.
Pour le montage sur le fermoir, j'ai utilisé un fil de lin très fort, presque une ficelle fine, idéal pour cet usage ; sa teinte s'est révélée parfaitement assortie à mon tissu et relativement discrète sur le métal. Lui aussi, il était dans le stock depuis longtemps, acheté il y a des années dans cet antre de perdition à l'occasion d'une de nos balades dans les Cotswolds ; il m'a là encore fourni la preuve que tout peut toujours servir un jour.
Euh... pas sûr tout de même que je finirai par trouver un usage aux clous carrés qui avaient aussi rejoint mon panier le même jour (mais pourquoiiiii ???).