Work in progress
Il y a deux ans, je m'étais régalée à participer pour la première fois au Stitch Camp proposé par TextileArtist.org. Même si je n'avais pas toujours obtenu le résultat escompté, j'avais beaucoup aimé expérimenter de nouvelles méthodes avec Sue Stone, Merill Comeau et Jennifer Collier.
J'ai raté l'atelier animé l'an dernier par Gwen Hedley mais finalement, il est proposé à nouveau cette année, ce qui fait que je n'ai pas de regrets. Il se déroule en cinq étapes sur une semaine, mais j'aime trop prendre mon temps et réfléchir : au bout de deux semaines, je commence à peine à arriver à quelque chose.
Tout est inédit pour moi dans le processus proposé par Gwen, à commencer par la première étape où il faut tout d'abord peindre notre toile, après avoir choisi trois teintes, claire, moyenne et sombre. On réunit des fils à broder de différentes qualités et de différents titrages dans ces couleurs, le challenge dans le challenge étant d'essayer de s'arranger avec le stock.
Bon... ça, pour moi, ça va ;-) J'ai enfin trouvé une destination à un assortiment de peintures dont le prix était encore marqué en francs !
Pour le choix des couleurs, je suis partie des chemises bleues récupérées après le décès de mon père dont je m'étais promis de faire quelque chose, un jour. Et j'ai complété par une couleur dont j'ai seulement gardé le souvenir : un orange un peu éteint qui égayait ce sempiternel bleu sur une de ses chemises Malboro. Avec mon anglais approximatif, j'avais compris en regardant les images qu'il fallait aussi des toiles dans les trois couleurs... mais en fait, ce n'est pas nécessaire. Partie remise pour les chemises, l'inspiration est là en tout cas.
Pour le fond de mon ouvrage, j'ai prélevé une toute petite partie sur un gros coupon de toile fine écrue, encore marqué du Bon Marché.
Ensuite, le jeu est de fureter dans la maison pour réunir tout ce qui peut permettre de peindre en appliquant des effets différents sur le tissu. Car tout peut servir pour s'amuser avec la peinture ! De la carte de crédit aux branchettes de bois en passant par la roulette à pâte et le vide-pomme ;-)
Mes trois couleurs sont donc l'écru de mon support, puis le bleu et l'orange. Sur un premier morceau, Gwen nous demande de peindre des fonds très remplis, une moitié avec la couleur sombre ponctuée de la couleur moyenne et l'inverse sur l'autre moitié.
Comme je craignais d'avoir tout de même abusé sur la densité du fond, j'ai préféré prévoir une version moins chargée. Je voulais ne pas être prise au dépourvue au moment des assemblages et surtout ne pas avoir besoin de revenir à la peinture. Je n'aime pas peindre, j'en colle toujours partout.
Ensuite Gwen nous fait peindre un second morceau avec la consigne d'avoir la main plus légère et de laisser la priorité aux espaces négatifs.
Au bout de la première journée, les toiles sont peintes… Ça sèche, rendez-vous le lendemain afin de taillader dedans !
Pour cette seconde étape, j'ai suivi le conseil de Gwen qui nous incite à rester dans un premier temps sur des morceaux pas trop grands et de nous limiter à quatre rectangles pour conserver un ouvrage aisé à gérer. Ce sera ainsi plus facile de mettre le paquet sur la broderie.
Après le découpage, il faut reconstruire un nouvel ensemble en essayant de ménager des possibilités de liaison d'un rectangle à l'autre.
Les jours suivants, on passe enfin aux choses sérieuses avec le fil et l'aiguille pour la broderie, l'appliqué et le montage. Le but du jeu, avec la broderie et les ajouts de matière, est de compléter la peinture en créant des liaisons, un fil conducteur entre les différents morceaux de telle sorte qu'on ne puisse plus déceler les limites entre eux.
J'en suis là et je trouve que je ne m'en suis pas mal sortie pour fondre les quatre rectangles entre eux Mais je réfléchis trop, j'aimerais broder de manière plus libérée. Cependant dans un premier temps je m'interdis de démonter ce qui ne me convient pas absolument, je lâche la loupe pour davantage travailler avec une vue d'ensemble et ce sont déjà deux gros efforts pour Madame Chichi.
Bien sûr que ce truc est bizarre et que je ne suis pas du tout dans ma zone de confort en barbouillant et en brodant de manière un peu approximative, sans plan préalable. Je n'arrive même pas à savoir si le résultat me plaît ou pas mais je me régale à faire le chemin et à découvrir un nouveau processus de création sous contrainte.
L'exercice est paradoxalement très libérateur et en même temps que j'avance, j'ai plein d'idées qui me viennent en tête pour de nouveaux ouvrages.
Pour la finition, je reste sur la suggestion de Gwen et je vais continuer à travailler en longueur, en appliquant mon ouvrage sur la toile écrue qui m'a déjà servi pour la peinture. Je réfléchis à faire encore un peu sortir la broderie du cadre pour le maintenir et pouvoir supprimer le point de chausson que j'ai utilisé temporairement.
J'ai prévu un ruban d'un mètre trente, j'ai de la marge. La suite au prochain épisode !