Machine à coudre {8} Original Victoria
Après celle de Pfaff le mois dernier, c'est à nouveau une boîte en métal qui se présente aujourd'hui sur le petit théâtre des machines à coudre. Toute mignonette avec ses faux airs de bagage à main, elle a par ailleurs de mérite de présenter un bon nombre d'informations.
C'est donc une boîte destinée à resserrer des Accessoires pour la machine à coudre Original-Victoria. Ce qu'elle ne dit sur aucune de ses faces, en revanche, c'est que derrière cette marque de fabrique, se cache la société H. Mundlos & Co. Heureusement, les publicités parues dans le Didot-Bottin de l'époque nous en racontent davantage sur cette association entre le fabricant et sa marque Original Victoria.
Source : Gallica
Né en 1836 à Barby et fils d'un maître cordonnier, c'est tout naturellement dans la spécialité de son père qu'Heinrich Mundlos se forme dans un premier temps. Cependant, au cours de ses voyages comme compagnon artisan, il se familiarise avec le travail du métal et apprend la mécanique de précision, notamment chez Schäffer & Budenberg qui fabrique des équipements spécialisés pour l'industrie.
Le bel Heinrich au naturel et transformé en marque
Sources : Wikimedia Commons et Fiddlebase
Ses connaissances dans les deux domaines de la cordonnerie et de la mécanique le prédisposaient à s'intéresser à la machine à coudre qui prenait alors un élan fulgurant, sur fond de bagarre acharnée entre Singer et Howe. Comme le raconte si bien ma jolie boîte, il fonde alors sa propre fabrique en 1863.
C'est à Magdeburg et il s'associe pour l'occasion avec Hermann Schultz, remplacé dix ans après par Rudolf Arendt. Peut-être la gravure mise en avant pour faire la publicité de la marque est-elle flatteuse mais l'usine Mundlos n'en avait pas moins une importance certaine, comme en témoignent cette photo prise au début du XXe siècle…
… et une seconde représentation publicitaire plus tardive, dont on se doute cependant qu'elle n'allait pas contredire la précédente.
La firme Mundlos se construit d'abord une clientèle en Allemagne, puis chez ses voisins européens. En 1897, elle sort d'usine sa 200 000e machine. Elles sont d'une bien jolie facture, ces Original Victoria, avec leur décor marqueté, leur médaillon de nacre et le raffinement de leurs détails, comme la pelote à épingles intégrée dans la table.
En 1913, Richard et Rudolph Mundlos rejoignent leur père aux affaires pour accompagner l'extension de l'entreprise qui vise toujours plus loin et travaille désormais jusqu'en Chine, au Japon et en Amérique du Sud. Elle se diversifie également vers les machines à laver et les essoreuses, touchant aussi un peu à l'armement au cours des deux guerres mondiales.
Admirez l'éclectique exotisme de ces récompenses attribuées en Tasmanie aussi bien qu'à Castres, en passant par Saint-Pétersbourg et Albi !
En 1928, année du décès d'Heinrich, l'entreprise qu'il a fondée soixante-cinq ans auparavant compte mille-trois-cents salariés. On est bien loin de la trentaine d'ouvriers qui l'accompagnaient dans l'entreprise des débuts !
Et elle nous offre encore au passage, entre les deux guerres, quelques jolis joyaux publicitaires.
Mais elle ne devait pas se relever de la seconde guerre mondiale. Les destructions qu'elle subit en même temps que toute la ville et le démantèlement par l'Union Soviétique de son outil de production au titre de la réparation des dommages de guerre sonnèrent le glas des machines à coudre produites à Magdeburg par Mundlos.
Il en reste aujourd'hui ces pépites qui réjouissent les collectionneuses ;-)