Machines à coudre {1} Pfaff et son mouchoir rouge
J'ai hésité à relancer la traditionnelle série des vacances que j'ai déroulée plusieurs années de suite, avec les éphémères en 2016, les ouvrages anonymes en 2017, les cahiers de couture en 2018, les protège-cahiers Gompel en 2019 et la saga Cartier-Bresson en 2020 (ça vous fait de la [re]lecture, déjà ;-)
À vrai dire, je n'avais pas vraiment d'idée en tête. Surtout je pars toujours dans l'intention de bricoler autour d'un thème tranquille qui me permettra de traverser l'été en dilettante, pour m'accorder avec le rythme des vacances où je perds une grande partie de mes lectrices. Et au bout du compte, je me retrouve le plus souvent entraînée dans des investigations invraisemblables ; jusqu'à partir à la découverte du lieu de naissance du premier Bresson, encore que le plaisir fut grand à se balader avec Michèle jusqu'au col de la Pierre Plantée pour découvrir Le Fayet.
Mais en poursuivant (mollement) mes opérations de tri, je suis tombée sur une série de bricoles se raccrochant toutes au même sujet, qui méritaient d'être montrées… et surtout, sur lesquelles je n'avais pas de grands discours à tenir. Et ça, c'est bien l'atout principal pour une série de vacances ;-)
Cet été, je vais donc vous parler machines à coudre, ou plutôt vous donner à voir des objets –le plus souvent publicitaires- autour de la machine à coudre, en faisant le pari que je résisterai à tout décortiquer et à faire trop de recherches.
J'ai déjà écrit sur les trois machines à coudre qui occupent mon espace, celle de ma grand-mère, celle de ma mère et la mienne. Ce billet publié sur Passerelle dans le cadre du ChallengeAZ 2022 a été l'occasion de parler plus spécialement de Singer puisque, sans grande originalité, c'est la machine que s'était offerte ma grand-mère.
Voilà le moment de changer de marque Je commence avec ce mouchoir publicitaire rouge écarlate édité par Pfaff, une marque allemande créée en 1862. Il est en fin coton et mesure 47 centimètres de large sur 45 de haut.
Je l'aime à cause de son originalité –je n'avais jamais rien vu d'équivalent en matière de publicité- et aussi parce qu'il a de furieux airs de cousinage avec les mouchoirs illustrés rouennais.
L'impression est nette et bien définie mais ça reste un objet publicitaire : il a été ourlé sans soin, à la machine bien sûr, et il est tout de guingois. On n'a même pas pris la peine de choisir une couleur de fil qui se fonde dans le rouge du fond.
Comme la firme s'est très vite développée vers l'étranger, y compris la lointaine Australie, elle joue à fond la carte de l'identification allemande dans sa publicité. Les clichés sont bien là : le costume à corselet, les fermes traditionnelles de la Forêt-Noire avec leur toit en croupe, l'évocation des sapins majestueux et des chardons qu'ils abritent…
Maison paysanne de la Forêt-Noire entre 1890 et 1900 - Bibliothèque du Congrés
Mais bien sûr, la figure centrale reste la même que pour la concurrence et elle vise la clientèle tant convoitée des machines à coudre domestiques : la mère de famille qui fait des merveilles pour habiller tout son petit monde à meilleur compte, sous l'œil intéressé de sa progéniture. De ses filles, plus exactement, donc on espère bien qu'elles seront les consommatrices de demain.
D'ailleurs, Monsieur Pfaff a de la suite dans les idées, comme on le voit avec ce catalogue qui doit dater à peu près de la même époque que mon mouchoir. Il est aux coordonnées de l'établissement qui gérait la vente en gros de la marque pour la France.
La frise de sapin est toujours là mais cette fois-ci, la figure centrale est inversée : c'est la fillette qui est à l'œuvre derrière la machine et sa mère qui la guide dans ses premiers pas d'apprentie-couturière.
Je vous parlerai à nouveau de Pfaff la semaine prochaine, en mettant à l'honneur un autre un objet assez original ;-)